• Les aubergines de FIFINE

     

    Quand j’ai rencontré pour la première fois la « FIFINE », je n’en  menais pas large.

    De petite taille, bien plantée sur ses gambettes, les yeux « droits dans leurs bottes » d’une voix gouailleuse  elle stoppa mon avance faussement décontractée d’un « salut coco bel œil….alors c’est toi qui veux ma petite ».

    Ce petit bout de tornade me faisait penser à l’Edith…pas celui de Nantes mais le Piaf !

    La soixantaine bien tassée, elle en avait vu des hommes du temps où seule, elle élevait son fils (mon beau-père) alors qu’elle tenait un bar dans une grande ville du Centre France.

     Les prétendants, elle savait les remettre à leur place, l’air sympathique d’un sergent recruteur de la Légion Etrangère, elle avait un don pour renifler « les caves et les michetons ».

    Sa vie de jeune femme, elle l’avait débutée dans un port de Méditerranée, entre  la rue Tubanot et l’Estaque.

     Les mains baladeuses, les costards déformés par les flingues, les gisquettes à dessaler, les flics qu’il fallait payer …..Une chienne de vie passée à préparer une sorte de bouillabaisse mélangeant, les maquereaux, les barbeaux, les hotus, crevettes et autres morues assaisonnées façon Michel AUDIAR  et règlement de comptes sur le vieux port.

    Au menu de ces années passées, il y avait la vache enragée. La FIFINE en avait mangé plus que de raison.

    J’avais été rencardé par « la petite »… ‘’Ma Grand-mère tu lui plais ou pas… c’est pile ou face’’.

    Ben…..

     en cet instant, tu m’aurais introduit une olive dans le cul, je t’aurais fait un litre d’huile (dixit mon Beau-père).

    Le temps a passé, les souvenirs sont restés intactes, je sais que depuis « son vaisseau amiral » dans le ciel la FIFINE surveille sa petite…et moi aussi !

    Au menu de ces années passées, il y avait la vache enragée. La FIFINE en avait mangé plus que de raison, excellente cuisinière, elle avait au fil du temps  cessé de pratiquer son art, cuisiner avec l’Amour pour principal ingrédient ça donne des idées mais manger seule tout au long de ses jours….

    Pour comble de malice, elle avait trouvé un petit job dans une cuisine d’hôpital, épluchant des tonnes de légumes pour des repas dont elle ne profitait même pas.

    De notre vie à ses cotés il m’est resté quelques recettes de cuisine, origines oblige, concoctées avec amour et soleil.

    Pour vous, je vous présente :

    LES AUBERGINES DE LA FIFINE

    RECETTE : pour 2 personnes

     

    Prenez 4 belles aubergines (pourquoi pas des moches ?) après les avoir lavées et essuyées, sans les peler, il vous faudra les tailler dans le sens de la longueur.

    A ce stade, vous aurez à cœur de préparer une véritable sauce tomate comme je vais vous indiquer.

    Sauce tomate :

    Dans une cocotte en fonte, versez 3 cuillères à soupe d’huile d’olives dans laquelle vous ferez revenir de l’oignon, de l’ail et le contenu d’une boite de tomates concassées.

    Saupoudrez d’herbes de Provence, sel et poivre. La cuisson devrait durer 30 à 40 minutes à feu doux.

    Durant cette récréation, vous aurez soin à préparer 2 assiettes contenant :

    Pour la première : 2 œufs entiers battus (les pauvres !)

    Pour la seconde : de la chapelure

    Saisissez-vous des tranches d’aubergine, trempées dans l’œuf puis dans la chapelure et hop !..... Dans l’huile chaude. Elles doivent être frites des 2 cotés, puis déposées sur un papier absorbant.

    Ces aubergines lorsque vous les aurez toutes traitées de la sorte, vous les placerez dans un plat supportant la chaleur d’un four. En les déposant en couches successives, n’oubliez pas de les saler et les poivrer.

    L’ultime préparation consistera à les napper de votre sauce tomate « maison » et de les recouvrir d’une couche de fromage à gratiner.

     

    Cette recette est ordinaire……mais l’extraordinaire réside dans le fait de ne pas oublier les personnes que nous avons croisées dans nos vies.

    Il est vrai que la façon de préparer une recette, de présenter un plat, d’assaisonner une préparation font le succès de ce plat. Mais qu’en serait-il ne nos cuisines régionales si le souvenir des moments passés à déguster ou a préparer ces « moments de souvenirs » n’existaient pas ? Ces souvenirs sont les condiments de nos repas d’antan.

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  • Commentaires

    4
    ancellin
    Jeudi 31 Octobre 2019 à 19:09

    Bonjour,

    je découvre, vous découvre, m'enthousiasme pour cette enseigne. Vous avez lu bien sûr La cuisine tsigane de Latcho Rhaben.

    J'ai des rêves de cuisines du monde depuis longtemps et j'ai publié: Recettes de la voie romaine.

    Bravo, je vais vous lire un peu mieux.

    Ancellin

     

    3
    Mardi 12 Septembre 2017 à 17:45

    Bonjour, brave Fifine et qu'elle recette, je la connais mais avec une variante la voici: On fait frire les aubergines sans oeufs direct  et on les mets sur du papier essuie tout pour enlever l’excédent d'huile   , puis on superpose des couches d'aubergines et de tomates (sauce tomate préparée à l'avance.  cela se mange froid en entrée l'été c'est un délice.

    Bises.

      • Mardi 12 Septembre 2017 à 18:17

        Quoi...? attendre l'été...?......çà va pas le faire !

    2
    Jeudi 29 Octobre 2015 à 19:17

    Bonjour
    Grand merci pour vos conseils
    Et après avoir dégluti tout ça, un petit tour chez Riri pour digérer avec humour
    http://riri-linventeur.wix.com/les-debrouillards

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